La science et l’art sont souvent considérés comme deux domaines qui se chevauchent rarement. L’un est précis et analytique, l’autre expressifs et intuitifs. Pourtant, à l’essence, ces deux disciplines partagent un objectif commun : nous aider à voir le monde différemment. Ce concept était au cœur de l’exposition Science-meets-art (La science rencontre l’art), organisée dans le cadre de la série de séminaires Emerging Topics in Health (EtOH) (sujets émergents en santé) et par l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman.
L’exposition invitait les étudiant·es et les chercheur·es à réimaginer leur science à travers une lentille artistique. Plus de 50 œuvres ont transformé le hall du pavillon Bellini de l’Université McGill en une galerie présentant de superbes images histologiques, des visualisations créatives de donnés, de l’immunofluorescence de tissus biologiques et même des installations artistiques.
L’art comme nouvelle façon d’approcher la science
L’exposition a été précédée d’un séminaire EtOH captivant, présenté par l’artiste et sulptrice Angela Palmer, dont le travail est à l’intersection de l’imagerie médicale, de la narration et de l’abstraction visuelle. Dans sa présentation « Illuminating the Unseen: A Fusion of Art and Science » (Éclairer l’invisible : une fusion entre l’art et la science), Mme Palmer a décrit comment transforme en œuvres d’art des scans par IRM et par tomodensitométrie. Elle utilise chaque couche du scan pour en faire une œuvre en deux dimensions, qu’elle grave sur une feuille de verre, qu’elle assemble ensuite avec toutes les autres couches pour en faire une pièce en trois dimensions. Son inspiration première pour son travail vient du modèle de la molécule de pénicilline créé au stylo noir et à l’acrylique par la chercheuse Dorothy Hodgkin, lauréate du prix Nobel.
La première œuvre de Mme Palmer, « Brain of the Artist » (Le cerveau de l’artiste), représente son propre cerveau, créé à partir de 16 feuilles de verre, chacune représentant une section de son IRM. Sa présentation a démontré la beauté qui se cache dans la science et la recherche scientifique, et la façon dont cette intersection inattendue peut susciter des émotions fortes.
Brain of the Artist, Angela Palmer, © Angela Palmer, National Galleries of Scotland
La recherche réinventée
Dans la galerie d’art a permis de poursuivre le dialogue entre les disciplines. Organisée par les Professeures Daniela Quail, Ph.D. et Judith Mandl, Ph.D., avec l’aide des chercheurs postdoctoraux de l’ICG Dakota Rogers, Ph.D. et Samuel Doré, Ph.D., l’exposition présentait des œuvres d’art dans lesquelles les images d’immunofluorescence vibrantes devenaient des paysages de couleurs. Les lames histologiques apparaissaient sous forme de structures architecturales. Les visualisations créatives des données prenaient une dimension sculpturale, Même les installations expérimentales invitaient des spectateurs et spectatrices à réfléchir à l’échelle, à la structure et aux motifs.
Pour l’un des organisateurs, Dakota Rogers, la motivation était claire : « En tant que scientifiques, nous communiquons à travers des formats structurés : affiches, figures, présentations. Mais une grande partie de notre travail quotidien dissimule une esthétique souvent négligée. Nous voulions créer un espace où les chercheuses et les chercheurs pourraient mettre en valeur le caractère artistique inhérent à leur science. »
Lorsque les images scientifiques sont retirées de leur contexte analytique, elles deviennent des invitations à la curiosité, nous rappelant que la découverte n’est pas seulement rigoureuse, mais aussi profondément créative.
Le comité organisateur de Science-meets-art de gauche à droite : Samuel Doré, Daniela Quail, Dakota Rogers and Judith Mandl
Célébrer la créativité dans la recherche
Le People’s Choice Award (Prix du public) a couronné la soirée, récompensant l’œuvre qui incarnait le mieux l’esprit « la science rencontre l’art ». La lauréate est Susan Westfall, Ph.D., post-doctorante dans le laboratoire de Professeur Irah King, qui a présenté une image saisissante. L’image a été obtenue lors de son analyse tissulaire routine, et présente un ver intestinal logé dans la couche musculaire de l’intestin. Tous ces détails ensemble forment un bonhomme sourire. L’œuvre a suscité des discussions, de l’enthousiasme et des réflexion, et a été saluée par les participant·es et par Angela Palmer elle-même, qui lui a offert une pierre ancienne qu’elle utilise pour ses sculptures comme prix symbolique.
La gagnante Susan Westfall avec son oeuvre récompensée
Dans l’ensemble, cet événement unique a présenté une nouvelle approche de la recherche menée à l’ICG et ailleurs, mettant en évidence la beauté et la créativité.