Le mois de mai est le mois de la sensibilisation du mélanome, une campagne internationale pour renseigner et sensibiliser la population à la forme la plus fatale de cancer de la peau. Les chercheuses et chercheurs de l’Institut du Cancer Rosalind et Morris Goodman (ICG) considèrent que les défis posés par ce cancer sont une opportunité, et que le mélanome peut ouvrir la voie à une meilleure compréhension de la génétique, du traitement et de l’immunologie du cancer.
Thérapies innovantes : Changer notre manière de voir le mélanome
Jusqu’à récemment, le mélanome avancé était considéré comme une maladie incurable, et les patients et patientes survivaient généralement moins d’un an après leur diagnostic. Face au manque de traitements efficaces, les scientifiques ont commencé dans les années 2010 à utiliser le mélanome comme un terrain d’expérimentation de certaines thérapies et un domaine prolifique d’avancées scientifiques, menant à une révolution des traitements en oncologie : la thérapie ciblée et l’immunothérapie. Aujourd’hui, de nombreux cas de mélanome au stade avancé peuvent être complètement éliminés par l’immunothérapie, une classe de médicaments contre le cancer qui utilise le système immunitaire du patient ou de la patiente pour attaquer le cancer.
La spectaculaire amélioration des résultats des patients et patientes atteint.e.s de mélanome en seulement quelques années a montré comment les percées de la recherche sur le cancer peuvent transformer un diagnostic autrefois fatal en maladie traitable. Plus encore, le succès de la médecine de précision et des thérapies basées sur le système immunitaire observé dans le cas du mélanome est en train de façonner les approches thérapeutiques pour de nombreux autres types de cancer.
Explorer le potentiel de l’immunothérapie
Même si l’immunothérapie puisse traiter efficacement le mélanome avancé et d’autres types de cancer, certaines personnes atteintes de la maladie ne répondent pas à ces thérapies pour des raisons qui demeurent inconnues. Une étude récente dirigée par Ian Watson, chercheur à l’ICG, a identifié un mécanisme mutationnel qui pourrait prédisposer les personnes atteintes de mélanome à répondre favorablement à un type d’immunothérapie. La mutation sous-jacente identifiée est présente dans plusieurs autres types de cancer, qui pourraient également bénéficier de thérapies basées sur l’immunité.
Le mélanome a tendance à se métastaser, en d’autres mots se propager, principalement au cerveau, ce qui le rend particulièrement mortel – et particulièrement intéressant pour étudier les interactions immunitaires dans cet organe immunitairement privilégié. Dans une étude mené à l’ICG, les chercheurs Logan Walsh, Daniela Quail et Peter Siegel ont étudié les cellules immunitaires à l’intérieur des tumeurs au cerveau, peu importe si elles étaient originaires du cerveau ou des métastases d’un autre cancer, incluant du mélanome. Leurs recherches ont permis d’identifier des environnements immunitaires distincts en fonction de l’origine de la tumeur, contribuant ainsi à affiner l’utilisation de l’immunothérapies pour les cancers métastatiques.
Thérapies ciblées et le potentiel de la médecine de précision
Une autre raison pour laquelle les avancées sur le mélanome sont une telle réussite à l’échelle de l’oncologie est son rôle dans l’avancement des thérapies ciblées. Environ 50% des mélanomes partagent une mutation commune, ce qui a permis aux chercheurs et chercheuses de développer des médicaments très spécifiques qui s’attaquent uniquement aux cellules cancéreuses, en épargnant les cellules saines. Une autre étude de l’équipe du chercheur Ian Watson a poussé ces thérapies plus loin en démontrant que ces mêmes médicaments peuvent aussi être utilisés pour traiter des mélanomes causés par d’autres mutations, auparavant non ciblées – des mutations connues pour être à l’origine de d’autres types de cancer que le mélanome. Ces nouvelles applications pour certains médicaments et la découverte de nouveaux processus cellulaires ouvrent la voie pour la médecine de précision dans d’autres types de cancer.
Un plan pour l’avenir des soins en oncologie
Bien que des recherches soient encore nécessaires pour améliorer les résultats du mélanome, les succès obtenus dans le traitement de cette maladie ont façonné les traitements modernes du cancer et repoussé les limites du possible. Les chercheurs et chercheuses de l’ICG continuent de faire progresser notre compréhension du mélanome et des traitements, en faisant avancer notre quête du #savoirpourguérir.
Les études mentionnées dans l’article sont citées ci-bas
Berry, D., Moldoveanu, D., Rajkumar, S., Lajoie, M., Lin, T., Tchelougou, D., ... & Watson, I. R. (2025). The NF1 tumor suppressor regulates PD-L1 and immune evasion in melanoma. Cell Reports, 44(3).
Karimi, E., Yu, M. W., Maritan, S. M., Perus, L. J., Rezanejad, M., Sorin, M., ... & Walsh, L. A. (2023). Single-cell spatial immune landscapes of primary and metastatic brain tumours. Nature, 614(7948), 555-563.
Rajkumar, S., Berry, D., Heney, K. A., Strong, C., Ramsay, L., Lajoie, M., ... & Watson, I. R. (2022). Melanomas with concurrent BRAF non-p. V600 and NF1 loss-of-function mutations are targetable by BRAF/MEK inhibitor combination therapy. Cell Reports, 39(1).